Tout se mange dans le coquelicot (ou presque)

Tout se mange dans le coquelicot (ou presque )

Cette plante annuelle est facilement reconnaissable en fleur grâce à ses 4 pétales rouges vifs. Cependant, avant la floraison ceci est une autre affaire. Elle est constituée de feuilles longues et découpées, recouvertes de poils, dont sort un petit latex.

Comme nous suggère son nom latin, Papaver rhoeas, elle appartient à la même famille botanique que le pavot à opium ( Papaver somniferum), les Papavéracées. C’est une plante que l’on trouvait autrefois en pagaille dans les champs de céréales et aux bords des routes avant que les herbicides ne fassent leur apparition… Probablement originaire du bassin méditerannéen, elle a d’ailleurs été introduite en Europe en même temps que les céréales. Pour la petite anecdote, on doit son nom de coquelicot à ses fleurs rouges écarlates ressemblant à la crête des coqs. Elle fut ainsi nommée coquerico jusqu’au XVI siècle.

Et l’opium dans tout ça ?

Une grande confusion existe entre les propriétés du pavot à opium et celles du coquelicot. Comme de nombreux pavots, ils renferment tous deux des molécules de types alcaloides aux propriétés somnifères. Toutefois ce n’est que dans le latex de la capsule immature du pavot à opium que l’on retrouve l’opium à proprement parler ainsi que d’autres alcaloides comme la morphine ou la codéine.

Brève d’histoire, passons à table ! Si si, vous avez bien lu, presque tout se mange dans le coquelicot. Contrairement aux croyances populaires, le coquelicot est loin d’être toxique. A l’exception de ses racines, toutes ses parties aériennes (feuilles, boutons floraux, pétales et graines) pourront remplir nos assiettes.

Ses feuilles pourront être cueillies au printemps bien avant la floraison et complèteront agréablement de leur petit goût sucré vos salades. Il est important alors de bien savoir le différencier des autres jeunes pousses riches en cette période de l’année. On pourra aussi les manger cuites, en soupe ou à la façon des épinards par exemple. D’ailleurs, les feuilles cuites sont un mets assez répandu dans la cuisine des pays méditerranéens. Grâce à leur mucilage (substance légèrement gélatineuse relâchée au contact de l’eau), elles vont apporter un côté onctueux à vos repas (idéal pour les soupes.)

Juste avant l’épanouissement des fleurs, les boutons floraux peuvent eux aussi être récoltés. On les utilise alors comme des câpres dans du vinaigre. Ils donneront une teinte rougeâtre au vinaigre et sauront agrémenter à merveilles les salades estivales ! Lorsque les fleurs s’épanouissent, elles peuvent être utilisées afin de confectionner un sirop qui revêtira cette même teinte rouge. Les pétales sont utilisées séchées pour décorer des pâtisseries, mais aussi en infusion lors de toux irritative, troubles du sommeil et anxiété (pour en savoir plus sur les vertus médicinales et son utilisation je vous conseille d’aller voir sur le site de Christophe d’Althea Provence ). Une fois pollinisée, la fleur laisse place au fruit appelé capsule ressemblant à celui des pavots. Il renferme de minuscules graines noires au goût de noisettes pouvant être incorporées dans une salade, dans du pain, un fond de tarte, des gâteaux.

Pour finir, en plus de son aspect esthétique et de son intérêt culinaire pour nous les humains, les fleurs de coquelicot sont aussi un régal pour les pollinisateurs. On y retrouve des sauterelles, des abeilles, des syrphes, j’en passe. Encore un autre argument pour laisser s’ensauvager nos jardins !

Sources
François COUPLAN (1990), Les Belles vénéneuses : Plantes sauvages toxiques, éd. Equilibres Aujourd’hui, Condé-sur-Noireau.
Paul-Victor FOURNIER ( 2010, 1ere édition : 1947), Dictionnaire des plantes médicinales et vénéneuses de France, éd. Omnibus, France
Grauso, L., de Falco, B., Motti, R. et al. Corn poppy, Papaver rhoeas L.: a critical review of its botany, phytochemistry and pharmacology. Phytochem Rev 20, 227–248 (2021). https://doi.org/10.1007/s11101-020-09676-7
François Couplan (1985), Plantes sauvages comestibles, ed. Larousse

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